vendredi 3 février 2017

A la rencontre de Tita Nzebi après le spectacle 'Une Aurore se Lève' au Café de la Danse le 21/01/2017


© Pierre Orcel 
 © Pierre Orcel 
© Pierre Orcel 


1/ Bonjour Tita Nzebi, merci de nous accorder cet entretien : Vous avez chanté au Café de la Danse dans le cadre du spectacle pour le Gabon ‘Une Aurore se Lève’ le 21 janvier dernier. Les retours sont d’ores et déjà nombreux, au sujet de cette date annoncée comme historique. Comment vous sentez-vous après cette date ? 

Bonjour Christian. Avant de répondre à votre question permettez-moi de vous remercier à mon tour car vous me donnez l’occasion de rencontrer vos abonnés. C’est un honneur. 

Comment je me sens après cette date ? Honorée et émue par le nombre important des spectateurs qui sont venus nous voir et par l’atmosphère qui se dégageait de cette salle. Quelque chose de prenant, d’incroyable. Incroyable d’abord parce que nous n’avions que 2 mois à peu près pour organiser ce concert. On ne peut pas dire que nous, artistes qui étions sur cette affiche soyons extrêmement connus en France. Pour ces raisons, c’était déjà téméraire de s’attaquer à cette salle. D’autre part ce concert avait une connotation politique clairement affichée (même si au mot politique je préfère le mot citoyen). Cet engagement politique et/ou citoyen aurait pu être un frein vis-à-vis de certaines personnes physiques ou morales ; peut-être que ça l’a été mais d’autres sont venues et elles étaient nombreuses. Enfin, le Gabon, pays pour lequel ce concert a été organisé n’est pas le pays le plus connu d’Afrique et peu de gens connaissent la situation difficile qu’il traverse aujourd’hui. 
Ce sont là des éléments qui auraient pu faire de ce concert un échec mais il a été un succès bien au-delà de ce que nous espérions. Pour cela je voudrais encore remercier tous ceux qui, par leur présence, ont fait de ce Café de la danse une réussite. 

2/ Croyez-vous que la culture peut faire avancer les choses, peut, parlons clairement, participer à l’effondrement d’une dictature, même inavouée (pour paraphraser votre chanson) 

Définitivement oui. C’est d’ailleurs pour cette raison que beaucoup d’acteurs culturels ont de tout temps été victimes de la censure et autres harcèlements des pouvoirs qu’ils dérangeaient. La culture a indéniablement un pouvoir immense même si, pour ce qui est de la musique, beaucoup pensent qu’elle n’est là que pour divertir ce qui n’est pas vrai. Même dans nos sociétés traditionnelles la musique a un rôle social reconnu. On ne chante pas, on n’utilise pas les tam-tams uniquement pour danser ou faire danser mais aussi pour accompagner et soutenir les efforts physiques dans les travaux champêtres par exemple, pour annoncer un décès et accompagner une dépouille, célébrer la naissance des jumeaux, louer Dieu, les Dieux ou les esprits etc. ET à chacun de ces moments correspondent souvent des répertoires bien particuliers. Chez les Nzebi (le peuple dont je suis issue) vous ne pouvez pas chanter une chanson dédiée à la naissance et la célébration des jumeaux dans une circoncision, par exemple, et vice versa. 
Oui la culture peut participer à l’effondrement des dictatures comme elle participe à la construction des sociétés et des identités. 

3/ Quels sont vos projets ?

Par rapport à mon pays d’origine j’entends bien continuer à participer aux actions menées par la diaspora Gabonaise de France, notamment en région parisienne, mon lieu de résidence. Il s’agit principalement des marches qui partent de la place du Trocadéro à l’ambassade du Gabon au 26 bis avenue Raphaël dans le 16e arrondissement de Paris. Ces marches ont lieu tous les samedis depuis début septembre. Il s’agit aussi de différentes conférences qui sont organisées un peu partout en France par des Gabonais en vue d’informer le plus grand nombre sur le déni du droit des Gabonais à disposer d’eux-mêmes et sur les nombreuses violations des droits de l’Homme actuellement en cours au Gabon. Avec François N’Gwa, Jann Halexander, Chyc Polhit et Jearian nous envisageons un autre concert ‘Une aurore se lève’ probablement au Café de la danse encore, nous y réfléchissons. 

Le parlement de l’Union Européenne a voté aujourd’hui, à une écrasante majorité une résolution qui remet clairement en cause la légitime du pouvoir actuellement en place au Gabon, dénonce les meurtres qui ont eu lieu après la proclamation des résultats douteux de la dernière élection présidentielle au Gabon et demande l’ouverture d’une enquête internationale indépendante pour faire la lumière sur ces assassinats. Cette résolution n’est certes pas contraignante mais c’est une belle victoire pour nous et cela nous encourage à rester mobilisés afin que notre pays sorte de l’impasse actuelle et que pour une fois, le Gabon soit dirigé par des personnes choisies par les Gabonais et non par ceux qui s’imposent ; c’est le cas depuis trop longtemps. 

Je profite donc de cette tribune pour remercier les députés Européens pour ce vote, remercier aussi tous ces Gabonais exceptionnels qui sont mobilisés à travers le monde depuis des mois pour notre pays. Cette victoire est aussi la leur, certainement même. 

A titre personnel j’ai des concerts prévus en France à partir du mois de mars, le détail des dates et des lieux sera communiqué bientôt. Je dois aussi me rendre à Calcutta pendant une dizaine de jours pour un festival. 

Voilà ce que je peux dire pour l’instant à propos de mes projets, en vous remerciant pour la tribune que vous m’avez offerte.


Merci !

C. de Montagu


de gauche à droite : Jearian, Tita Nzebi, Jann Halexander, François Ngwa, La Rotonde, 01/02/2017





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